Il y a les faits divers qu'on lit dans les journaux. Quelques lignes que
les gens oublient rapidement. Et il y a la réalité pour ceux qui vivent
cette épreuve aujourd'hui et souvent pour toujours. Voici le témoignage transmis par Pascale Cerou :
Témoignage de Pascale CEROU
Pèlerinage de Lourdes 2012
Bonsoir,
Jeune femme
de 42 ans, paraplégique depuis le 10
septembre 1982, j’avais 12 ans, voilà 30 ans que je suis en fauteuil
roulant suite à un accident de la voie
publique. Sur un « passage piétons », j’allais prendre le car
pour me rendre au Collège Jean Lurçat quand un véhicule m’a renversée, le chauffeur a pris la fuite. Nous
avons pu le retrouver grâce aux témoins et au chauffeur du car qui a relevé le
numéro d’immatriculation de la voiture.
Le
conducteur de la voiture qui m’a renversée n’a pas eu grand chose à payer,
1 000 francs d’amende, 18 mois de retrait de permis, 2 mois de prison dont
1 avec sursis, non, cela n’est pas grand
chose pour avoir gâché ma vie !
Le jour de l’accident, les
pompiers ont dit à ma famille que j’avais 1 heure à vivre, ils m’ont
transportée au CHU de Limoges où j’ai été opérée pour décoincer la moelle
épinière prise sous les vertèbres D4 – D5 plus fractures de celles-ci, j’avais
aussi une fracture de la clavicule et un poumon perforé. Je suis restée une
semaine dans le coma, un séjour de 21 jours aux soins intensifs.
Ensuite, à
Lamalou-les-Bains, j’ai commencé une rééducation, mais un terrible mal de dos, ne
m’a pas permis de continuer. Maman a alors demandé à ses patrons de la
polyclinique où elle travaillait, de l’aider et l’un d’eux s’est mis en
relation avec l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches en région parisienne.
Me voilà
partie en avion sanitaire en direction de Garches, service chirurgie infantile
pour me faire opérer du dos. Le chirurgien m’a mis une petite arthrodèse à
partir des vertèbres D1 – D5 et j’ai dû porter un corset en plâtre et une
minerve pendant 6 mois. Ensuite et pendant 5 ans, jour et nuit, un corset
Garchois qui me soutenait le dos de manière rigide, des cervicales au bas du
dos.
A l’âge de
17 ans, il a fallu me faire une deuxième opération pour une arthrodèse totale
qui a nécessité ensuite le port d’un corset pendant 9 mois. Je suis restée deux
ans et demi à Garches pour la rééducation intensive, à l’aide d’un grand
appareil qui me soutenait au niveau de la poitrine et jusqu’aux chevilles pour
m’aider dans une marche en pendulaire.
Puis, je
suis retournée à Limoges pour un rattrapage scolaire et continuer ma
rééducation à Couzeix durant 2 ans.
Conclusion,
faites attention quand vous voyez des piétons, personnes âgées ou enfants qui
traversent sur les passages protégés prévus à cet effet. Restez maître de votre
véhicule, un accident est si vite arrivé, des vies gâchées à tout jamais par
des automobilistes inconscients et certains laissent la personne accidentée sur
le trottoir comme une « bête », comme ce fut mon cas. Arrêtons le
massacre sur la route !
Je tiens à
remercier, infirmières, médecins et anciens brancardiers(ères) pour m’avoir
soutenue depuis 30 ans, m’avoir donné le courage et la force morale qui m’ont
aidée dans cette phase difficile.
Quand je viens à Lourdes, je ressens une
force en moi et le courage pour une année. Je pense à ma famille qui m’a aidée
à me battre pendant cette épreuve que j’ai fini par accepter alors qu’aujourd’hui
j’affronte une nouvelle épreuve, être mal entendante comme si je n’avais pas
assez d’un handicap !
Je remercie Marie et Jésus qui me
donnent de la force dans cette épreuve, qui m’aident à l’accepter. L’Onction
des malades que je reçois à Lourdes et qui me donne courage et force,
j’aimerais la partager avec les hospitaliers (ères) et brancardiers (ères).
Merci à tous, Amen. Pascale
le samedi 18 août 2012 à Lourdes.
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Pascale Cerou en 1983 (Photo : Famille Cerou) |
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Pascale Cerou lisant sa lettre le 18 août 2012 |
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